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Editorial

UN SOUFFLE DE PENTECÔTE ... CRÉATEUR ET NOVATEUR

C´était il y a quelques jours seulement. La radio commentait les résultats d´une enquête réalisée auprès des jeunes. La question posée était, simplement, de dire un mot qui traduisait au mieux ce qu´évoquait l´avenir, "leur" avenir. Et les réponses de fuser: peur, incertitude, angoisse, inconnu

Cela veut dire que la génération des jeunes adolescents d´aujourd´hui est marquée par un climat anxiogène où la peur semble l´emporter sur la confiance en l´avenir. Sans doute le savait-on déjà et les différentes crises sanitaires, économiques et géo-politiques (la guerre en Ukraine) ne sont pas étrangères à ce climat morose révélé par cette enquête. Faut-il s´en inquiéter ? Ce n´est sans doute pas le but sauf à reconnaître aussi qu´il y a des jeunes - d´autres et parfois les mêmes - qui manifestent leur confiance en l´avenir, avec la lucidité qui s´impose et avec l´audace qui n´est pas pour autant synonyme de naïveté.

Et que dire de la Pentecôte dans ce contexte ?

Que s´est-il passé dans le coeur des Apôtres au lendemain de Pâques ? Il semble que les apparitions ( répétées ) du Christ ressuscité n´avaient pas permis de dissiper leurs peurs. Et même, dit Saint Matthieu au terme des 28 chapitres de son Evangile: "certains eurent des doutes". ... sans oublier le dernier verset qui fait écho à la dernière Parole du Christ dans cet Évangile: "Je suis avec vous tous les jours jusqu´ à la fin des temps". Certitude indéfectible pour les Apôtres et les croyants que Dieu n´est pas le grand absent mais que sa présence ne peut être que discrète si elle veut respecter la liberté de notre adhésion dans la foi.

Nous voici donc à la Pentecôte. Les Apôtres et Marie se sont réunis, à Jérusalem, dans la Chambre Haute (appelée aussi "le Cénacle"). Les temps étaient encore incertains et la première communauté chrétienne craignait de voir ses membres subir le même sort que le Christ crucifié. Mais au coeur de leur peur, il y avait la prière.

Les peureux sont devenus des audacieux. Non pas parce qu´ils étaient devenus subitement plus courageux mais parce qu´ils avaient osé croire à la force libératrice de la prière. L´Esprit-Saint leur permettait de respirer leur vie au rythme du coeur de Dieu.. La peur anesthésiante faisait place au souffle vivifiant de l´Esprit-Saint. Leur audace n´avait d´égale que la certitude intérieure que le Christ est vraiment ressuscité et que cette nouvelle, à la fois inouïe et bouleversante, ne pouvait pas rester confinée dans le coeur de quelques privilégiés. Leur témoignage se fait contagieux et chacun de leurs auditeurs est rejoint "dans sa langue maternelle", c´est-à-dire dans ce qui fait son identité profonde et unique.

Et nous aujourd´hui ? Nous voici invités à vivre cette même expérience de ce que l´Esprit-Saint rend possible dans l´Eglise et dans le monde. Les crises peuvent devenir des crises de croissance et les découragements peuvent être balayés par le souffle de l´enthousiasme novateur de l´Esprit-Saint. Sans naïveté mais avec le discernement qui rend lucide. Sans nier les difficultés mais avec le regard neuf de ceux qui osent regarder vers l´avenir avec confiance.

Que l´Esprit-Saint soit source d´enthousiasme et d´Espérance. Dans la foi, nous savons qu´Il nous est déjà donné. Sans réserve et inconditionnellement. A nous de réveiller ce don qui, dans nos vies rime avec respiration. A nous de rester connectés à cette source intarissable qui est, en quelque sorte, notre oxygène spirituelle et vitale.

Bonne fête de Pentecôte.

  • Abbé Philippe Mawet, Curé responsable de Stockel Au Bois