
L’Avent a toujours été pour moi un temps privilégié sur le plan humain certes, mais aussi spirituel.
Il y a bien sûr le climat général fait de beaucoup d’intériorité mais aussi de superficialité. Il y a trop souvent l’oubli du sens religieux de ce temps de l’Avent. Et, avouons-le, Noël n’est pas vraiment Noël sans cette source chrétienne qui en donne le sens et sa véritable saveur.
Aujourd’hui, mon attente de l’Avent et mon expérience se font encore plus intenses. L’Avent est vraiment le temps qui nous fait revenir à l’essentiel. Et l’expérience – souvent douloureuse – de la maladie me fait redécouvrir que la vulnérabilité est le seul chemin qui conduit à l’essentiel.
Mais ne nous trompons pas de vulnérabilité ! Il ne s’agit pas de vivre dans une morosité qui ferait de la souffrance vécue une raison de revendiquer d’être le centre du monde, et de mettre tout le monde à notre service. La vulnérabilité, c’est cette prise de conscience que nous sommes des êtres de relation, à la fois libres et liés, et même libres parce que liés.
Ce que la maladie m’apprend, c’est que la dépendance est une épreuve. Il faut beaucoup d’humilité pour accepter de ne pas se prendre pour le maître du monde, et d’abord de sa propre vie.
Etre vulnérable, c’est accepter de se laisser toucher sans profiter de cette situation pour exiger que tout nous soit dû, ceci au nom même de la fragilité. Etre vulnérable, c’est entrer dans un tissu de relations où chacun peut être reconnu, aimé et pardonné. Rien n’est un privilège ni même une punition, mais tout peut devenir grâce quand l’amour est au cœur.
A Noël, Dieu vient nous dire les chemins de la véritable fragilité. Elle est faite de justesse et de tendresse. Parmi les chemins qui conduisent à la crèche de Noël, il y a aussi la prière d’intercession.
Avez-vous remarqué que, parmi les visiteurs de la crèche, aucun ne vient à titre privé ou individuel. Les bergers et les mages, déjà à leur façon, nous révèlent que la communauté est le lieu privilégié de la rencontre avec Dieu.
Et si la prière fait partie de l’ADN de la communauté chrétienne, la prière d’intercession en est le socle et le fondement.
Il y a dans la prière, l’expérience de la fragilité et de l’aridité, mais aussi de la fécondité et de la solidarité. Et l’une n’exclut pas l’autre, au contraire.
Dans la maladie, je fais l’expérience de ce qu’est la solidarité dans la prière. Certes, l’exaucement de Dieu ne dépend pas du nombre de priants. Certes la prière n’est pas une relation commerciale avec Dieu.
La prière communautaire – et surtout lorsqu’elle se fait prière d’intercession – devient un élan créateur de communion nouvelle, où le but n’est pas d’obtenir de Dieu une récompense (aussi légitime soit-elle), mais de nous ajuster au grand projet de Dieu qui nous invite à vivre nos chemins d’humanité comme des chemins d’éternité.
Dès lors il n’y a plus de limite à l’amour, il n’y a plus de limite à la vie.
Merci à vous tous qui m’avez manifesté votre soutien et votre amitié à travers vos prières. Je n’ai qu’une demande à vous faire : Continuez ! Continuons ! Et l’exaucement, alors, sera à la mesure de la foi, car Dieu ne reste pas insensible à notre prière. Il nous rejoint toujours au-delà de ce que nous demandons et espérons, même si c’est souvent « autrement » !
Que la vulnérabilité et la prière d’intercession deviennent toujours plus des chemins vers Noël.
Abbé Philippe MAWET